Pépites d'Art

Pépites d'art c'est l'association de six étudiantes en médiation culturelle et marché de l'art. Une volonté commune : vous faire découvrir les marchés de l'art émergents. A travers nos coups de cœurs et nos rencontres vous allez découvrir de nouvelles formes d'art, nos petites pépites.

Vous pouvez vous exprimer par le biais des commentaires et même nous joindre sur le courriel du blog : blogicart@gmail.com

La bannière est un Monogold de Yves Klein. Pour lui l'or est la matière de l’échange, de la transmutation et du désir d’absolu, l’or figure à lui seul les qualités artistiques qui transfigurent un objet en œuvre d’art. L’or est promesse d’éternité.

lundi 28 novembre 2011

Arthus, 19 ans, GRAFFEUR

« Si tu fatigues, tu’t fais arrêter, mais peu importe au fond, c’est ce que tu fais sur le mur qui compte »
   
Interview d’Arthus, 19 ans, qui après avoir fait une MANAA (mise à niveau en Art appliqués), est aujourd’hui en Bac pro Art et métiers d’art option communication graphique. Et qui, est également Graffeur à temps plein.

Comment te définie tu ? Graffeur ? Artiste?...

Je me définis comme un mec normal, qui en a marre de voir des murs gris... Après, je peux te dire que je suis graffeur, mais pour moi c’est juste une étiquette qu’on nous a mises.

Depuis quand pratique tu cet art ? Comment cela t’es t-il venu ?

Je pratique vraiment le graff depuis seulement 2 ans. J’y consacre beaucoup plus d’importance et de temps qu’avant. Ca m’est venu à force de prendre le RER, en voyant des graffs un peut partout, et surtout, j’aime cette idée de pouvoir déformer les lettres comme bon me semble.

Ou pratiques-tu ? A quel moment ? Le pratique tu seul ?

Je le pratique partout : voie ferrées, terrain vagues, entrepôts abandonnés, murs non entretenus…mais aussi à Nanterre Circus, c’est un endroit où le graff est toléré. Cela peut-être de nuit comme de jour. Généralement le week-end, on est tout un groupe (de 5 à 12) à graffer, et on se rend à des endroits comme le Skate Park de Bercy, où des murs sont mis à la disposition des graffeurs en toute légalité.

Quel genre de matériel utilises-tu ? Les as-tu toujours sur toi ?
 
J’utilise la plupart du temps des bombes Montana hardcore Black (mais il existe aussi les Montana Gold) à forte pressions pour des traits plus vulgaires. Les bombes basses pressions sont plus pour faire les détails. Les meilleures bombes viennent d’Allemagne et d’Espagne. J’utilise aussi des rouleaux de peinture pour recouvrir le mur avant de graffer, que je trouve la plupart du temps sur des chantiers car je n’ai pas les moyens d’en acheter. Ça serait trop compliqué si je devais acheter un pot de peinture pour chaque graff que je fais. J’utilise également des extincteurs que je vide et que je remplis de peinture, pour faire des graffs plus conséquents. Ce que j’ai toujours sur moi, c’est les marqueurs, de marque Nero ou Crog, qui sont les meilleures marques. Je fais aussi les marqueurs moi-même, en faisant chauffer l’encre dans une casserole pour enlever toute l’eau qu’elle contient, et je rajoute des pigments en poudre acheté en pharmacie, ou du bleu de méthylène. Ensuite je verse le tout d’un un marqueur vide : les pigments sont plus agressifs, et mes graffs sont moins susceptibles d’être recouverts.

Que ressens-tu lorsque tu graffs et recherches tu un but précis ?

Ça dépend où je graff. Quand je suis sur un terrain, j’ai la tranquillité, j’oublie tout, je ne pense plus qu’à sa, alors que quand je suis sur une voie ferrée, je ressens de l’adrénaline car je prends des risques, dans ce cas je ne pense qu’à la police, qui pourrait arriver à n’importe quel moment. Mais ce sont les risques du métier.

Exerces-tu cet art selon des principes, des règles ?

Je ne suis pas vraiment de « principes », mais il y a quand même des choses à respecter en tant que graffeur. Par exemple, si un graff est dessiné sur un mur, on ne peut pas venir et faire un graff plus petit en plein milieu. Il faut repeindre tous le mur, pour faire quelque chose de plus esthétique (en théorie). On ne refait jamais un dessin sur un graff qui est plus petit, et moins esthétique*. Ensuite, lorsque tu es sur un terrain, tu ne dois pas faire de Chrome*. Tu as du temps, et tu es censé faire un travail détaillé, beaucoup plus rechercher : tu as la plupart du temps travaillé à l’avance ton graff en faisant quelques esquisses. Après, on respecte plus ou moins ce qu’on avait prévus de faire, mais les chromes sont vraiment fait pour laisser « sa marque, son blaze » et non pour réaliser des dessins détaillés.

Que penses-tu des Arts de la rue aujourd’hui ?

 En ce qui concerne mon domaine, c’est le même principe que les lois. Soit, tu te débrouilles bien et tu t’en sors, sois, tu t’en sors pas, mais dans ces cas là il faut assumer ce que tu fais.

Penses-tu que « graffer » soit réservé à certaine personne ?

Non, il y a toute classe sociale, et des gens originaires de différents pays. C’est vrai, que je rencontre plus des banlieusards, mais il y a des exceptions. Mais peu importe au fond, c’est ce que tu fais sur le mur qui compte.



Graffs de Arthus


*Le fait de détérioré, (dans le langage des graffeurs  on appelle ça « rayer ») le graff de quelqu’un en plein milieu se dit faire un Toy.
*Un chrome est un graff fait en quelques minutes, avec un intérieur argenté et un extérieur noir. Le chrome nécessite une peinture de mauvaise qualité qui abîme le mur sans que l’on puisse repeindre par-dessus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire